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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/31

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car j’aime mieux l’avoir à mes côtés que vis-à-vis. Un autre jour, les manœuvres ayant fini de bonne heure, il y eut concert chez l’Empereur : malgré le goût du Roi pour la musique, il daigna me donner la préférence, et vint auprès de moi m’enchanter par la magie de sa conversation et les traits brillans, gais et hardis qui la caractérisent. Il me dit de lui nommer les officiers généraux et particuliers qui étoient là, et de lui dire ceux qui avoient servi sous le maréchal Traun ; car enfin, me dit-il, ainsi que je crois vous l’avoir déjà raconté, c’est mon maître ; il me corrigeait des écoles que je faisois. — Votre Majesté fut bien ingrate, car elle ne paya pas ses leçons : pour que cela fût ainsi qu’elle le dit, il falloit du moins se faire battre par lui, et je ne me ressouviens pas que cela soit arrivé. — Je n’ai pas été battu, parce que je ne me suis pas battu. — C’est ainsi que les plus grands généraux se sont souvent fait la guerre : on n’a qu’à voir les deux campagnes de 1674 et 75 de M. de Montecuculi et de M. de Turenne, le long de la Renchen. — Il n’y a pas de différence de Traun au premier, mais quelle est grande, bon Dieu, de l’autre à moi ! Je lui montrai le comte d’Althan, qui avoit été adjudant-général, et le comte de Pellegrini. Il me