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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/326

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Le plus grand charme d’Éléonore en toutes choses c’est le naturel. On l’appeloit la fleur des champs. Toute entière à ses vertus, à ses enfans et à ses amis, la voilà telle que la nature l’a faite, telle que le monde n’a pu la défaire. Elle l’a traversé comme Aréthuse traverse Amphitrite, ne croyant que cette voix intime qui est, au fond de notre ame, l’écho d’une voix supérieure.

La coquetterie lui a toujours été aussi étrangère que l’intrigue. Le calcul est aussi loin de son esprit que l’égoïsme l’est de son ame. Elle plaît, cependant, mais sans étude ; elle plaît à tout le monde et à chacun, mais sans projet, sans but et sans malice, et bien plus et bien mieux que si elle y pensoit. Dans les êtres doués de sensibilité, plaire ne peut être qu’un don, mais sûrement pas un art. Voulez-vous donc savoir pourquoi Éléonore plaît tant ? C’est qu’on voit qu’elle sait aimer.