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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/341

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Il ne l’aurait jamais retenu, car il ne pouvoit y avoir que celui de Tacite, de Saluste, ou de Pline, qui put l’intéresser. Mais, dans la société intime de M. le Prince de Conti, dont j’étois avec l’Archevêque de Toulouse, le Président d’Aligre, et autres prélats et parlementaires, j’appris que ces deux classes de gens corrompus vouloient inquiéter Jean-Jacques, et je lui écrivis la lettre qu’il donna à lire, ou à copier, assez mal à propos, et qui se trouva enfin, je ne sais comment, imprimée dans toutes les gazettes. On peut la voir dans l’édition des ouvrages de Rousseau, et dans son dialogue avec lui-même, qui est aussi dans ses œuvres ; il eut la bonté de croire, à sa façon ordinaire, que les offres d’asile que je lui faisois, étoient un piège que ses ennemis m’avoient engagé à lui tendre : cette folie avoit attaqué le cerveau de ce malheureux grand homme, ravissant et impatientant. Mais son premier mouvement étoit bon : car le lendemain de ma lettre il vint me témoigner sa reconnoissance. On m’annonce M. Rousseau, je n’en crois pas mes oreilles : il ouvre ma porte, je n’en crois pas mes yeux. Louis XIV n’éprouva pas un sentiment pareil de vanité en recevant l’ambassade de Siam. La description qu’il me fit de ses malheurs, le portrait