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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/70

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la dorure et des inscriptions partout ; entre autres dans la très-drôle et très-superbe salle d’audience, on lit en lettres d’or, en turc, autour de la corniche : En dépit des jaloux, on apprend au monde entier qu’il n’y a rien à Ispahan, à Damas, à Stampoul d’aussi riche qu’ici. Depuis Cherson, nous avons trouvé des campemens merveilleux, par leur magnificence asiatique au milieu des déserts : je ne sais plus où je suis, ni dans quel siècle je suis. Quand je vois tout d’un coup s’élever des montagnes qui se promènent, je crois que c’est un rêve : ce sont des haras de dromadaires qui, lorsqu’ils se mettent sur leurs grandes jambes, ressemblent, à une certaine distance, à des montagnes en mouvement. N’est-ce pas là, me dis-je, ce qui a fourni l’écurie des trois Rois, pour leur fameux voyage de Bethléem ? Je rêve encore, me dis-je, quand je rencontre de jeunes princes du Caucase, presque couverts d’argent, sur des chevaux d’une blancheur éblouissante. Quand je les vois armés d’arcs et de flèches, je me crois au tems du vieux ou du jeune Cyrus. Leur carquois est superbe ; mais les traits du votre sont plus piquans et plus gais. Quand je rencontre des détachemens de Circassiens, beaux comme le jour, dont la taille, enfermée dans