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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/158

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Nous déchargeâmes en même temps ; je pressai dans ce moment, je couvris tout le con de ma fouteuse ; je reçus dans ma bouche le foutre qui en sortait, je l’avalai, elle en fit autant de celui qui sortait de mon vit. Le charme se dissipa, et je ne gardai du plaisir que je venais d’avoir qu’une légère idée qui, en s’évanouissant comme l’ombre, ne me laissa que le désespoir de ne pouvoir le renouveler. Tels sont les plaisirs.

Retombé dans le même état de dégoût et d’affaiblissement dont le secret de madame Dinville m’avait retiré, je la pressai d’y recourir encore.

— Non, mon cher Saturnin, me dit-elle ; je t’aime trop pour vouloir te donner la mort. Contente-toi de ce que nous avons fait.

Je n’étais pas pressé de mourir, et un plaisir qu’il nous fallait acheter aux dépens de sa vie n’était plus de mon goût. Nous nous rhabillâmes. J’étais trop content de ma journée pour négliger de prendre des assurances d’en passer encore de semblables. Madame Dinville, qui n’était pas plus mal satisfaite que moi, me prévint.

— Quand reviendras-tu ? me demanda-t-elle en m’embrassant.

— Le plus tôt que je pourrai, lui répondis-je, mais jamais assez tôt pour mon impatience ; demain, par exemple ?

— Non, me dit-elle en souriant, je te donne deux jours : reviens me voir le troisième, et le jour que tu viendras, continua-t-elle en rouvrant la même cassette d’où elle avait tiré cette eau admirable dont j’avais éprouvé la vertu et en me donnant quelques pastilles qu’elle y prit, tu auras soin de manger cela. Surtout, Saturnin, sois discret ; ne parle à personne de tout ce que nous avons fait.