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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/170

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qu’un changement de résolution. Je crus que je pouvais reprendre haleine, et ne pas précipiter mes coups comme je venais de le faire.

Deux décharges abattent un peu les fumées de l’amour ; l’illusion se dissipe, l’esprit rentre dans ses fonctions ; les nuages dont la force de la passion l’obscurcissaient, s’évanouissent ; les objets cessent alors d’être ce qu’ils étaient, l’esprit leur assigne leur véritable prix. Les belles y gagnent, les laides y perdent : tant pis pour elles. Je voudrais en passant, donner un conseil à celles-ci.

Laides, quand vous accordez vos faveurs à quelqu’un, ménagez-les, ne l’en accablez pas : quand on n’a plus rien à désirer, on ne désire plus ; la passion s’éteint par une jouissance trop complète. Prenez-y garde ; vous n’avez pas les mêmes ressources qu’une belle, à qui ses charmes promettent un prompt retour de ces désirs qu’elle vient d’assouvir, et que le moindre sourire, la moindre caresse, va rallumer avec plus de feu.

La réflexion que je viens de faire cadre le mieux du monde avec ce que j’éprouvai. Je m’amusais à parcourir avec la main les beautés de ma nymphe ; j’étais surpris de trouver une différence dans les mêmes choses que je maniais actuellement, et que j’avais maniées un moment auparavant. Ses cuisses, qui m’avaient paru douces, fermes, remplies, unies, étaient devenues ridées, molles, sèches ; son con n’était plus qu’une conasse ; ses tétons que des tétasses, ainsi du reste. Je ne pouvais concevoir un pareil prodige ; j’accusais mon imagination de s’être refroidie, je voulais du mal à ma main du rapport trop fidèle qu’elle lui faisait. Ce n’est pas que ces témoignages incertains m’eussent empêché de livrer un troisième assaut. J’allais m’y présenter, et