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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/239

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bon à rien quand on n’est bon que pour soi. Je vous le répète : le seul moyen de vous tirer de votre léthargie, est de vous mettre au régime, c’est-à-dire d’avoir recours à une dévote ; et celui d’y parvenir est d’obtenir la liberté de confesser. Pour ce dernier article, je m’en charge. Monseigneur me fait l’honneur de m’estimer ; le meilleur usage que je puisse faire de son amitié est de l’employer à votre soulagement. L’autre article dépend de vous.

Je remerciai le Père de ses offres obligeantes, et sans avoir beaucoup de foi à l’efficacité de son secret, je le priai de vouloir s’y employer. Il me le promit.

— Ce n’est pas tout, continua-t-il, avant que vous entriez dans cette carrière, il vous faut un guide pour y conduire vos pas. Je veux vous en servir. Asseyons-nous sur ce banc, nous y serons plus à notre aise.

Nous nous assîmes, et sa Révérence ayant toussé une bonne fois pour n’y plus revenir, reprit ainsi la parole :

— Vous n’êtes pas à savoir, mon fils, que l’heureuse manie que l’on qualifie du nom de confession, doit son origine à nos ancêtres ; quand je dis nos ancêtres, j’entends parler des prêtres et des moines qui vivaient dans ces temps reculés où remonte cette pratique du Christianisme. Je peux bien leur donner ce nom, puisqu’ils nous ont laissé le plus bel héritage que des pères puissent laisser à leurs enfants, héritage dont les revenus sont assignés sur la crédulité des peuples, payeurs exacts, fermiers toujours fidèles, qui ne laissent jamais accumuler les arrérages.

J’ai toujours admiré la profondeur du génie de ces illustres fondateurs. Dans ces siècles sévères, les prêtres ne connaissaient pas les richesses, les pauvres

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