— Ne regrette pas, lui dis-je, une qualité que le sang donne, et rarement le cœur. Si tu n’es plus ma sœur, tu es toujours ma chère Suzon ; tu es toujours l’idole de mon cœur. Chère âme, continuai-je en la pressant tendrement entre mes bras, oublions nos malheurs, et commençons à compter notre vie du jour qui nous a rassemblés.
En lui disant ces mots, j’appliquais des baisers ardents sur sa gorge. J’allais la renverser, j’avais déjà la main entre ses cuisses :
— Arrête, me dit-elle, en s’échappant de mes bras, arrête !
— Cruelle ! m’écriai-je, quelles grâces aurai-je donc à rendre à la fortune si tu rebutes les témoignages de mon amour ?
— Étouffe, me répondit-elle, des désirs que je ne pourrais écouter sans être criminelle ; fais un effort sur ta passion : je t’en donne l’exemple.
— Ah ! Suzon, lui répliquai-je, tu n’as guère d’amour si tu peux me conseiller d’étouffer le mien ! Et dans quelles circonstances ? Quand rien ne s’oppose à notre bonheur !
— Rien ne s’oppose à notre bonheur ? reprit-elle ; ah ! que ne dis-tu vrai ?
Dans le moment, je vis des larmes couler sur son visage ; je la pressai de m’en expliquer la cause.
— Voudrais-tu, me dit-elle, partager avec moi le triste prix de mon libertinage ? Et quand tu le voudrais, aurais-je la cruauté d’y consentir ?
— Tu crois, lui répondis-je, m’arrêter par une raison aussi faible ? Je partagerais la mort avec ma Suzon, et je craindrais de partager ses malheurs ?
Sur-le-champ je la renverse sur le lit et je me mets