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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/80

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qui, souvent n’en ont guère ; elle présente un sein appétissant, un ventre blanc et poli, des cuisses rondes, potelées, fermes, une petite motte rebondie, un petit conin entouré de tous les charmes de la jeunesse : ils pensent alors qu’ils goûteraient des délices inexprimables s’ils pouvaient y mettre leur vit. Dans le moment, ce vit devient gros, s’allonge, se durcit, et plus il est gros, plus il est long, plus il est dur, plus il fait de plaisir à une femme, parce qu’il remplit davantage, il frotte bien plus fort, il entre bien plus avant, il produit des délices, des élancements qui vous ravissent.

— Ah ! dis-je à Monique, que ne vous dois-je pas ? je sais à présent les moyens de plaire, et je ne manquerai pas dans l’occasion de me découvrir la gorge, de montrer mes tétons.

— Prends-y garde me dit la Sœur, ce n’est pas là le vrai moyen de plaire ; il faut plus d’art que tu ne penses : les hommes sont bizarres dans leurs désirs, ils seraient fâchés de devoir à notre facilité des plaisirs qu’ils ne peuvent pourtant pas goûter sans nous ; leur jalousie les indispose contre tout ce qui ne vient pas d’eux-mêmes ; ils veulent qu’on ne leur présente les objets que couverts d’une gaze légère, qui laisse quelque chose à faire à leur imagination, et les femmes n’y perdent rien ; elles peuvent se reposer sur l’imagination des hommes du soin de peindre leurs charmes : libérale pour ce qui la flatte, elle ne les peindra pas à leur désavantage. Tu ne sais pas que c’est cette peinture, que les hommes se font, qui fait naître leurs désirs, ou l’amour, c’est la même chose, car quand on dit, Monsieur… est amoureux de Madame… c’est la même chose que si l’on disait, Monsieur… a vu Madame… sa vue a excité des désirs dans son cœur, il brûle d’envie de lui