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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/203

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Histoire de Dom B…


ceſſent alors d’être ce qu’ils étoient, l’eſprit leurs aſſigne leur véritable prix. Les belles y gagnent, les laides y perdent, tems pis pour elles ; je voudrois, en paſſant, donner un conſeil à celles-ci. Laides, quand vous accordés vos faveurs à quelqu’un, ménagés-les, ne l’en accablés pas : quand on n’a plus rien à deſirer, on ne deſire plus ; la paſſion s’éteint par une joüiſſance trop complette. Prenés-y garde, vous n’avés pas les mêmes reſſources qu’une belle à qui ſes charmes promettent un prompt retour de ces deſirs qu’elle vient d’aſſouvir, qu’elle vient de voir éteindre, & que le moindre ſourire, la moindre careſſe va rallumer avec plus de feu.

La refléxion que je viens de faire quadre le mieux du monde avec ce que j’éprouvai. Je m’amuſois à parcourir avec la main les beautés de ma Nimphe, j’étois ſurpris de trouver une différence dans les mêmes choſes que je maniois actuellement, & que j’avois maniées un moment auparavant. Ses cuiſſes qui m’avoient parues douces, fermes, remplies, unies, étoient devenuës ridées, molles, ſéches, ſon Con n’étoit plus qu’une Conaſſe, ſes Tetons, que des