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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/208

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Portier des Chartreux.


te, ſes petits yeux étincelans, ſa grande bouche écumante, frapant comme un ſourd ſur l’Abbé & ſur la niéce. Qu’on ſe repreſente ces deux tendres Amans, la belle tremblante & s’enfonçant le plus qu’elle peut dans ſon lit pour ſe dérober aux coups, l’Abbé tantôt ſe cachant ſous la couverture, & tantôt tirant la tête hors du lit, & allongeant de vigoureux coups de poingt ſur la phiſionomie du Paſteur qui rugit. Qu’on ſe trace la figure d’une Megere en chemiſe, qui, la chandelle à la main, s’aproche du lit, veut crier, & au même moment demeure interdite, la bouche béante, les yeux égarés, & tombe de frayeur ſur une chaiſe, après avoit laiſſé tomber ſa lumiere.

L’Abbé, autant que j’en fus juge par le ſilence qui regna tout-à-coup, craignant d’être reconnu, s’étoit élancé hors du lit, & avoit voulu gagner le large. Le Paſteur l’avoit ſuivi en courant après lui. Dans le moment j’entendis ouvrir ma porte avec précipitation & ſur le champ la refermer avec la même viteſſe. Je tremblois : on vint ſe coucher ſur le lit, nouveau ſujet de frayeur : je croyois que c’étoit Françoiſe, & que le Curé alloit bien-tôt venir. La feuil-

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