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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/56

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Histoire de Dom B…


retiroit, & jettoit des ſoupirs : le fripon me rapelloit par là des circonſtances trop charmantes pour me laiſſer la force de lui témoigner la colere que méritoit ce nouveau manque de reſpect. Ah ! Suzon, que j’étois contente de lui ! & que je me figurois que je l’aurois bien été davantage, ſi nous nous fuſſions trouvés ſeuls ; mais quand nous l’aurions été, une grille impénétrable eût arrêté nos plaiſirs.

Dans le moment on apella ma compagne : elle nous dit qu’elle alloit voir ce qu’on lui vouloit, & qu’elle ne tarderoit pas à revenir. Son frere profita de cet inſtant pour s’expliquer plus clairement ; il ne me tint pas de grands diſcours, mais ils ſignifioient beaucoup. Quoique le compliment ne fut pas extrêmement poli, il me parut ſi naturel que je m’en ſouviens toujours avec plaiſir ; nous autres femmes nous ſommes plus flatées d’un diſcours où la nature parle toute ſeule, quelque peu meſurées que ſoient ſes expreſſions, que de ces galanteries fades que le cœur deſavoue, & que le vent emporte. Revenons au compliment de Verland : le voici ! ; Nous n’avons pas de tems à perdre, vous êtes charmante, je bande com-