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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/83

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Portier des Chartreux.


penſois à rien au monde, pas même au plaiſir que j’avois, je n’étois occupée qu’à le ſentir. L’impatience m’empêcha de le goûter plus longtems, je fis un mouvement, Martin en fit autant & notre bonheur s’évanoüit ; mais avant que de le perdre, nous ſentimes combien il etoit grand, ſembloit qu’il eût ramaſſé ſes traits les plus vifs & les plus raviſſans, pour nous en accabler, nous reſtâmes ſans ſentiment, nous n’ouvrîmes les yeux que pour nous preſſer de nouveau ; le plaiſir ſe refuſoit à nos efforts.

Il eſt tems, pourſuivit Monique, de t’aprendre, Suzon, ce que c’étoit que cette eau-bénite dont le Pere Jerôme t’arroſa un jour la gorge en te donnant l’abſolution.

Ma premiere action, quand Martin fut retiré de mes bras, fut de porter la main, où j’avois reçû les plus grands coups : le dedans, le dehors, tout étoit couvert de cette liqueur dont l’effuſion m’avoit fait tant de plaiſir ; mais elle avoit perdu toute ſa chaleur & étoit froide alors comme la glace, c’étoit du Foutre : on apelle ainſi une matiere blanche & épaiſſe, qui ſort du Vit où du Con quand on décharge. La