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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/127

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troisième, et le jour que tu viendras, continua-t-elle en rouvrant la cassette d’où elle avait tiré l’eau admirable dont j’avais éprouvé la vertu, et en me donnant quelques pastilles qu’elle y prit, tu auras soin de manger cela. Surtout, Saturnin, sois discret ; ne parle à personne de tout ce que nous avons fait. Je l’assurai du secret et l’embrassai pour la dernière fois, la laissant bien persuadée qu’elle venait de recevoir mon pucelage.

Mme Dinville était restée dans son appartement. Elle m’avait averti de faire en sorte que l’on ne m’aperçût pas ; l’obscurité me favorisait. Je traversais une antichambre, quand je me vis arrêté, par qui ? par Suzon. Sa vue me rendit immobile : il semblait que sa présence me reprochât les plaisirs que je venais de goûter. Mon imagination, d’intelligence avec mon cœur pour m’accabler, la rendait témoin de tout ce que je venais de faire. Elle me prit la main, et demeura sans parler. La confusion me faisait baisser la vue. Inquiet cependant de son silence, je ne confiai qu’à mes yeux le soin de lui en demander la cause ; je les levai sur elle, je m’aperçus qu’elle versait des larmes. Ce spectacle me perça le cœur. Suzon y reprit dans le moment l’empire que les caresses de Mme Dinville lui avaient enlevé. Je ne pouvais concevoir que sa maîtresse eût fasciné mes yeux et mon cœur au point de ne voir qu’elle, de n’être sensible qu’au plaisir