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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/161

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de ces conasses, de ces gouffres où on entre tout botté. Je te vois, censeur atrabilaire, tu me reproches mon inconstance, en ce que je loue tantôt le con, tantôt le cul. Apprends, nigaud, que j’ai pour moi l’expérience, que j’enfile une femme, quand elle se présente, et que je prends mes ébats avec un beau garçon. Allez à l’école des sages de la Grèce, allez à celle des honnêtes gens de notre temps, vous apprendrez à vivre. Mais mon moine va venir, minuit sonne ; on frappe, c’est lui : Bon, marchons, père, je vous suis. Mais où diable me menez-vous ? — À l’église. — Vous vous moquez : pour prier Dieu ? Serviteur ! je vais dormir. — Suivez-moi, morbleu ! ne voyez-vous pas que je monte dans les orgues ? Nous y voilà !

Savez-vous bien ce que j’y trouvai ? une table bien garnie, de bon vin, trois moines, trois novices et une belle fille de vingt ans, jolie comme un ange. Je suivais mon conducteur. Le père Casimir était le chef de la bande joyeuse. Il me reçut bien. — Père Saturnin, me dit-il, soyez le bienvenu. Le père André m’a fait votre éloge : sa protection le justifie. Foutre, manger, rire et boire, telle est ici notre occupation ; êtes-vous disposé à en faire autant ? — Parbleu ! oui, lui répondis-je ; s’il ne faut que soutenir l’honneur du corps, je m’en tirerai aussi bien qu’un autre ; soit dit, continuai-je, en me tournant du côté de l’assemblée, sans diminuer le mérite de vos révérences, — Vous êtes de nos gens, reprit le père Casimir ;