Aller au contenu

Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit-elle, je veux avoir ton pucelage ; viens le perdre dans un endroit où tu as reçu la vie ! Je tremblai à ce mot. Sans avoir plus de vertu, j’avais acquis chez les moines des connaissances qui ne me permettaient pas d’être avec Gabrielle ce que j’avais été avec Toinette. J’allais l’enfiler, un reste de honte m’arrêta ; je reculai. — Ah ! ciel, dit Gabrielle, est-il possible que ce soit là mon fils ? Ai-je pu mettre au monde un tel lâche ? Foutre sa mère lui fait peur. — Ma chère Gabrielle, lui dis-je en l’embrassant, contentez-vous de mon amour ; si vous n’étiez pas ma mère, je ferais mon bonheur de vous posséder ; respectez une faiblesse que je ne puis vaincre.

L’apparence même de la vertu est respectable aux cœurs les plus corrompus. Mon action fut louée des moines ; ils convinrent de leur tort ; il n’y en eut qu’un qui voulut entreprendre de me convertir. — Pauvre sot, me dit-il, pourquoi t’effrayer d’une action indifférente ? La fouterie n’est-elle pas la conjonction de l’homme et de la femme ? Cette conjonction est ou naturelle ou défendue par la nature. Elle est naturelle, puisque leur penchant invincible les entraîne l’un vers l’autre. Si ce penchant est dans leur cœur, l’intention de la nature est donc qu’on le satisfasse indistinctement. Si Dieu a dit à nos premiers pères de croître et de multiplier, comment entendait-il que la multiplication se fit ? Adam avait des filles, il les foutait. Ève avait des fils qui faisaient