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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/189

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verrez enflammé. Laissez tomber votre main sur leurs tétons ; pressez-les, et bientôt vous entendrez leurs soupirs, fidèles interprètes des sentiments de leur cœur. Joignez vos soupirs aux leurs, appliquez un baiser sur leur bouche, offrez-vous pour consolateur de leurs peines. L’aveu de ce qui se passe dans le cœur établit la confiance, on ne rougit plus d’être faible avec des faibles, on se console réciproquement.

Le discours du père Simon m’avait échauffé l’imagination ; il m’avait si fort ému, que je ne doutai plus de la possibilité d’une chose que j’avais prise pour un badinage. Je réitérai mes instances auprès du père, qui obtint bientôt ce que je demandais.

Il me tardait de me voir érigé en médiateur entre les pécheurs et le Père des miséricordes. Je me réjouissais d’avance de l’aveu que pourrait me faire une fille timide d’avoir donné à son tempérament la satisfaction qu’il demandait. Je fus au confessionnal prendre possession de mon poste.

On dit qu’un grand philosophe avait la faiblesse de rentrer chez lui et d’y rester tout le jour, quand, en sortant le matin, une vieille était la première personne qu’il rencontrât. Si l’exemple de ce philosophe avait été une règle pour moi, j’aurais sur-le-champ déserté le confessionnal ; mais je tins bon, et je m’armai de courage contre