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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/25

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et relevaient à merveille les couleurs de mon visage, qui, quoiqu’un peu brun, ne laissait pas de valoir son prix. C’est un témoignage authentique que je me crois obligé de rendre au jugement de plusieurs très honnêtes et très vertueuses personnes à qui j’ai rendu mes hommages.

Suzon, comme je l’ai dit, avait fait un bouquet pour Mme Dinville (c’était le nom de sa marraine), femme d’un conseiller de la ville voisine, qui venait à sa terre prendre le lait pour rétablir une poitrine dérangée par le vin de Champagne et quelques autres causes.

Suzon s’étant mise dans ses petits atours, qui la rendirent encore plus aimable à mes yeux, il fut dit que je l’accompagnerais. Nous allâmes au château. Nous trouvâmes la dame dans un appartement d’été où elle prenait le frais. Figurez-vous une femme d’une grandeur médiocre, poil brun, peau blanche, le visage laid en général, enluminé d’un rouge champenois, les yeux alertes, amoureux, et tétonnière autant que femme au monde. Ce fut d’abord la première bonne qualité que je lui remarquais : ç’a toujours été mon faible que ces deux boules-là ! C’est aussi quelque chose de si joli quand vous tenez cela dans la main, quand vous… Ah ! chacun le sien : qu’on me passe celui-ci !

Sitôt que la dame nous aperçut, elle jeta sur nous un regard de bonté, sans changer de situation. Elle était couchée sur un canapé, une jambe