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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/53

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ne vous dois-je pas ! Je sais à présent le moyen de plaire, et je ne manquerai pas, dans l’occasion, de me découvrir la gorge, de montrer mes tétons. — Prends-y garde ! me dit la sœur ; ce n’est pas le vrai moyen de plaire ; il faut plus d’art que tu ne penses. Les hommes sont bizarres dans leurs désirs ; ils seraient fâchés de devoir à notre facilité des plaisirs qu’ils ne peuvent pourtant pas goûter sans nous ; leur jalousie les indispose contre tout ce qui ne vient pas d’eux-mêmes ; ils veulent qu’on ne leur présente les objets que couvert d’une gaze légère, qui laisse quelque chose à faire à leur imagination, et les femmes n’y perdent rien : elles peuvent se reposer sur l’imagination des hommes du soin de peindre leurs charmes ; libérale pour ce qui la flatte, elle ne les peindra pas à leur désavantage. Tu ne sais pas que c’est cette peinture que les hommes se font qui fait naître leurs désirs ou l’amour, — c’est la même chose, — car quand on dit : Monsieur de… est amoureux de madame…, c’est la même chose que si l’on disait : Monsieur de… a vu madame… ; sa vue a excité des désirs dans son cœur ; il brûle d’envie de lui mettre son vit dans le con. Voilà véritablement ce que cela veut dire ; mais comme la bienséance exige qu’on ne dise pas ces choses-là on est convenu de dire : Monsieur de… est amoureux.

Charmée de tout ce que le sœur me disait, je m’impatientais de ne pas savoir le reste de son