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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/71

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mais j’aurais été fâchée qu’il n’eût pas pris cette peine inutile. Que veux-tu, j’en étais amoureuse à la rage. J’attendais avec impatience la nuit pour lui tenir la parole que je lui avais donnée.

Elle vint enfin, cette nuit si ardemment souhaitée. Minuit sonna. Ah ! que je fus alors troublée ! Je ne traversai le corridor qu’en tremblant, et quoique tout le monde fût endormi, je croyais les yeux de tout le monde ouverts sur moi. Je n’avais, pour me conduire, d’autre lumière que celle de mon amour. Ah ! disais-je en marchant à tâtons dans l’obscurité, si Martin m’avait manqué de parole, j’en mourrais de douleur ! Il était au rendez-vous, aussi amoureux, aussi impatient que j’avais été ponctuelle. J’étais vêtue fort légèrement ; il faisait chaud, et je m’étais aperçue la veille que les jupes, les corps, les mouchoirs de gorge, tout cela était trop embarrassant. Sitôt que je sentis la porte ouverte, un tressaillement de joie me coupa la parole. Je ne la recouvrai que pour appeler mon cher Martin à voix basse : il m’attendait ; il accourut dans mes bras, me baisa ; je lui rendis caresse pour caresse. Nous nous tînmes longtemps étroitement serrés. Revenus des premiers mouvements de notre joie, nous cherchâmes réciproquement à en exciter de plus grands. Je portai la main à la source de mes plaisirs ; il porta la sienne où je l’attendais avec impatience. Il fut bientôt en état delà contenter. Il se déshabilla, me fit un lit de ses habits : je me