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Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/79

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ce cher amant. Je rappelais à Monique les plaisirs qu’elle avait autrefois goûtés avec lui. Trompée par mes caresses, elle oubliait que je n’étais qu’une fille, me prodiguait les mêmes noms qu’elle lui prodiguait dans ses transports. J’étais son ange, son dieu ! Je n’avais pas encore l’idée d’un bien plus grand plaisir que celui dont je jouissais : Monique, dans mes bras, comblait tous mes désirs. L’imagination va toujours plus loin que ce que l’on possède. Monique songeant au plaisir que lui avait causé le frottement du poil de Martin, quand elle le sentit contre ses fesses la nuit de l’aventure du prie-Dieu, m’en promit autant si je voulais le lui procurer encore. J’y consentis. Elle se coucha sur le ventre, j’agissais : nous nous animâmes de façon qu’à force de nous chatouiller nous nous trouvâmes, l’une la tête au chevet du lit, et l’autre la tête au pied. Dans cette situation, nous nous rapprochâmes ; l’une de mes cuisses était sur le ventre de Monique, l’autre sous ses fesses : mon ventre et mes fesses étaient de même entre ses cuisses ; étroitement collées l’une contre l’autre, nous nous pressions en soupirant, nous nous frottions réciproquement, nous répandions à chaque instant. Les sources de notre plaisir, gonflées par un jaillissement continuel, qui n’avait d’autre issue que de passer de l’une dans l’autre, étaient comme deux réservoirs de délices où nous mourrions plongées sans sentiment, où nous ne ressuscitions que par l’excès du ravissement. L’é-