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Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/5

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de la poésie scientifique

QUELQUES MOTS D’ACTUALITÉ POÉTIQUE





Le reproche plus ou moins amène m’a été souvent adressé, des regrets ont été exprimés souvent, que mon Œuvre n’ait point été conçue et écrite plus près d’un plus large Public, — quitte à délaisser un peu de mon idéal rénovateur, insinuaient ces regrets, qui osaient assurer qu’au prix de quelques concessions et de quelque renoncement, la plus grande renommée, la plus vite action, m’eussent été acquises[1].

Je ne me suis pas arrêté devant la tentation. J’ai osé écrire aussi, vers 1889, en pleine lutte : « J’ai le temps, et mon temps viendra[2] ». — Je crois que le créateur doit être un avec son œuvre, car cette œuvre doit être le produit de son unité réalisée. L’apport poétique qui se trouve maintenant consacré sous le nom de « Poésie scientifique », représente, — de son principe philosophique à sa technique


  1. Opinion, entre autres, de M. R. de Gourmont (Livre des Masques)
  2. « M. René Ghil en a pour vingt ans à subir la huée », prophétisait M. Émile Verhaeren en 1887 (Art moderne, Bruxelles).