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de la poésie scientifique

se relever lors du Congrès des Poètes, qui ainsi demeure une date, en mai 1901[1]. — Depuis, l’on a connu des audaces, et quelque duplicité… Longtemps en désarroi, les représentants de la Critique que nous avons désignée plus haut, et dont les raisons spontanées à l’égard de la génération précédente avaient été l’insulte, le sarcasme et la mutilation des idées, se sont ressaisis, avec quelques poètes vieillissants et peu sûrs, sans doute, de la durable nécessité de leur œuvre. Ils ont senti intelligemment que la médiocrité et le manque de volontés de maints nouveaux poètes étaient tels, qu’on les pouvait manier et récompenser.

Par des appels énergiques, par des éloges tendancieux, par des prix, une réaction a été suscitée, « renaissance romantique et parnassienne ». Mais, comme il n’était pas possible de supprimer pourtant le vivace acquis du double mouvement que nous avons rappelé : « Symboliste », d’une part, et « Scientifique », d’autre part, — d’un tacite pacte entre gardiens du dogme et divers poètes nouveaux (ou retardataires, avons-nous dit), l’on parut discuter les théories émises, surtout techniques, sans les exposer d’ailleurs, et de manière assez habile pour, du mélange, créer le plus d’incertitude dans l’esprit du lecteur non averti, et donc, les amoindrir toutes, les dénaturer, les disperser s’il eût été possible ! L’on ratiocina à côté, l’on emprunta aussi, dirons-nous par euphémisme, l’on emprunta un peu des théories


  1. « Le Congrès des poètes tenu à Paris, dit en son Anthologie M. G. Walch, où M. René Ghil revendiqua fièrement, en un discours sensationnel, la genèse et le développement, en son œuvre, de quasi toutes les préoccupations poétiques inscrites au programme ».