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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/134

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laisse pas que d’exercer une action modificatrice sur ce milieu lui-même, quoique assurément elle ne puisse être que très limitée. — Il ne peut pas, au point de vue géologique, créer des mines ta où il n’y en a point, mais il peut, par des amendements, fabriquer de toutes pièces le sol cultivable, remplacer des marais, des étangs ou même des golfes, par des terres arables. — Il ne peut pas, au point de vue géographique, changer les grandes lignes que la nature a dessinées, mais pour peu que celle-ci y ait mis quelque complaisance, il peut les modifier, compléter par exemple un réseau de navigation intérieure, supprimer les barrières des montagnes et des bras de mer en établissant des routes soit pardessus, soit mieux encore par-dessous ; ou bien encore détacher l’Afrique de l’ancien continent, l’Amérique du Sud du nouveau, et faire de ces deux presqu’îles, deux îles. — Il ne peut certainement pas changer la situation climatérique, mais par des reboisements sur grande échelle, par certaines cultures appropriées, peut-être par d’autres moyens dont nous n’avons pas encore le secret[1], l’industrie humaine pourra peut-être modifier d’une façon appréciable le régime des pluies et des vents.


II

LE TERRAIN[2]

Il faut à l’homme une certaine place sur la terre ferme, ne fût-ce que pour y poser son pied. Il lui en faut un peu plus

  1. Quelques savants ont proposé de détourner par de grands écueils artificiels les courants maritimes, tels que le Gulf-stream, pour distribuer la chaleur ou la fraîcheur aux continents, comme on distribue l’eau et le gaz dans les villes !
  2. Nous disons « le terrain » au lieu du mot terre que l’on emploie d’ordinaire, parce que ce dernier exprime un ensemble d’idées trop complexe : d’abord une certaine étendue superficielle, c’est ce que nous désignons sous le nom de terrain ; ensuite des matières premières représentées par les éléments qui constituent le sol et le sous-sol ; enfin une foule d’agents physiques et chimiques qui sont incessamment à l’œuvre dans le sol cultivé, sous forme de lumière, chaleur, humidité, électricité, etc., etc.