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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/136

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grâce à une culture intensive, qui est presque devenue une culture maraîchère, arrive à faire vivre plusieurs hommes par hectare. Cependant la borne fatale, quoique sans cesse reculée, demeure et suffit pour inquiéter l’espèce humaine sur ses destinées futures.

La découverte du Nouveau Monde, de l’Afrique Australe, de l’Australie, a assuré une place suffisante pour bien des générations encore. Mais avec un accroissement de l’espèce humaine qui n’est guère inférieur à 15 millions d’hommes par an, ces réserves de l’avenir s’épuiseront vite. Et nous n’avons plus l’espoir d’en découvrir de nouvelles. Avant qu’un demi-siècle se soit écoulé, la dernière terre vacante aura été occupée, le dernier jalon aura été planté, et désormais l’espèce humaine sera bien obligée de se contenter de son domaine de 13 milliards d’hectares, sans pouvoir espérer l’agrandir par de nouvelles conquêtes. La seule consolation alors pour elle sera de se répéter le vers que Regnard avait inscrit, avec une prétention assez peu justifiée d’ailleurs, sur un rocher de Laponie :

Hic stetimus tandem nobis ubi defuit orbis.


III

LA MATIÈRE PREMIÈRE.

Les matériaux bruts qui composent l’écorce terrestre jusqu’à la très petite profondeur à laquelle nous pouvons pénétrer, et les substances organisées provenant des êtres vivants (végétaux ou animaux) qui peuplent sa surface, fournissent à l’industrie la matière première qui lui est indispensable et constituent l’élément originaire de toute richesse.

Il est certains de ces matériaux que la nature a répandus à profusion et d’autres dont elle s’est montrée très avare.

Cependant ceux-là même dont la quantité est très considérable peuvent néanmoins être rares, si l’on considère telle