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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/229

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transport par caravanes, c’est-à-dire à dos d’hommes, comme dans l’Afrique, ou sur des bêtes de somme, comme dans l’Asie centrale, peut à la rigueur s’en passer, mais le transport par véhicules ne le peut pas. Or l’établissement de la route est un travail très coûteux et d’autant plus coûteux que la route est plus perfectionnée, c’est-à-dire que sa surface est plus résistante et que son trace se rapproche davantage de l’horizontale. Le chemin de fer est une route parfaite, mais c’est aussi la plus coûteuse. Elle revient à 400.000 fr. le kilomètre dans nos pays, et au moins à 100.000 fr. là où on peut la construire au coût minimum[1]. Il y a donc là un capital énorme engagé, qui grèvera évidemment le transport des marchandises de toute la somme indispensable pour l’intérêt et l’amortissement. Malgré cela, si le trafic est suffisant, c’est-à-dire si les marchandises transportées sur la voie ferrée sont en quantité assez considérable, on réalise une grande économie dans les transports, sans même faire entrer en ligne de compte la régularité, la commodité, ni la rapidité. Le prix de transport par voie ferrée de la tonne kilométrique est de 8 à 9 centimes environ[2], tandis que par roulage il serait de 30 centimes. C’est donc une économie des 2/3 au moins. Il n’y a pas lieu de s’en étonner quand on pense que pour produire un travail égal à celui d’une locomotive attelée à un train de marchandises, il faudrait au moins, sur une route ordinaire, 300 chevaux et ils feraient 10 fois moins de chemin.

    cule (sur terre : invention merveilleuse de la roue) ; — (sur mer : substitution des navires de fer aux navires en bois) ; le moteur — (machines à vapeur et locomotives).

  1. Il y a à cette heure de par le monde plus de 700.000 kilomètres de voies ferrées ayant coûté au moins cent cinquante milliards de francs.
    À côté des moyens de transport, mentionnons les moyens de communication, tels que les lignes télégraphiques, qui ne sont guère moins indispensables à l’échange. Elles mesurent 8 millions de kilomètres, 200 fois la circonférence de la terre !
  2. On ne compte d’ordinaire que 5 à 6 centimes : tel est en effet le prix que font payer en moyenne les Compagnies : — mais il faut tenir compte, en France du moins, des travaux faits gratuitement par l’État pour le compte des Compagnies, qui représentent un capital considérable, et qui, s’ils devaient être rémunérés, augmenteraient de beaucoup le prix des transports.