Aller au contenu

Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sel dans l’Afrique centrale ; — mais il est entre tous une certaine catégorie d’objets qui ont eu le privilège d’attirer de bonne heure l’attention des hommes et qui n’ont pas tardé dans toutes les sociétés tant soit peu civilisées, à détrôner toute autre marchandise, je veux parier des métaux dits précieux, l’or, l’argent et le cuivre.

Grâce à leurs propriétés chimiques qui les rendent relativement inaltérables, ce sont les seuls qu’on trouve dans la nature à l’état natif — l’or mieux que l’argent et l’argent mieux que le cuivre ; — et par conséquent les hommes ont pu les connaître et les exploiter avant que leurs connaissances métallurgiques leur permissent de connaître et d’exploiter d’autres métaux, tels que le fer. Il est à remarquer que la vieille légende des quatre âges, âge d’or, d’argent, de cuivre et de fer range les quatre métaux précisément dans l’ordre où ils ont dû être connus des hommes. Leurs propriétés physiques éclat, couleur, malléabilité, rares aussi et qui les ont fait rechercher de bonne heure, soit pour l’ornementation, soit pour certains travaux industriels, justifieraient assez le rôle considérable qu’ils ont joué de tout temps et chez tous les peuples.

Ces propriétés naturelles entraînent certaines conséquences économiques de la plus grande importance et qui confèrent aux métaux précieux une supériorité très marquée sur toute autre marchandise[1] :

Facilité de transport. Aucun autre objet n’a une si grande valeur sous un si petit poids. Le poids qu’un homme peut transporter sur son dos est environ 30 kilogrammes. Or 30 kil. en charbon, représenteraient à peine une valeur de 1 fr. ; en blé, de 6 fr. ; en laine, de 30 à 40 fr. ; en cuivre 60 à 800 fr., en soie grège, 1.500 fr. ; en argent, 3.000 fr. ; et en or pur, 100.000 fr.

Identité de qualité. Les métaux précieux étant, comme

  1. Il ne faut pas confondre les raisons de la supériorité des métaux précieux comme instrument d’échange avec celles qui les ont fait choisir comme mesure des valeurs. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes : la première et la dernière seulement coïncident. Voy. p. 83.