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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/260

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tion du métal argent, c’est-à-dire d’aggraver le mal[1]. C’est alors qu’on vit le métal argent, qui jusqu’alors n’avait guère perdu que 10 à 12 %, tomber de chute en chute jusqu’au-dessous de 90 francs le kil. (septembre 1897) au lieu de 200 francs qui est le prix légal, ce qui correspond au rapport de 1 à 34 entre la valeur des deux métaux !

À cette heure encore, la frappe de la monnaie d’argent n’a pas été reprise, et nul ne sait si on la reprendra jamais. Dès lors on peut dire que quoique les pays de l’Union Latine soient encore légalement sous le régime bi-métallique, en fait, ils sont à peu près devenus mono-métallistes or. De toutes leurs pièces d’argent, il n’en est plus qu’une seule qui soit encore monnaie légale, et celle-là justement on ne la frappe plus.


III

S’IL CONVIENT D’ADOPTER LE SYSTÈME MONO-MÉTALLISTE ?

Il semble, d’après les explications qui précèdent, qu’il n’y ait plus lieu d’hésiter. Le système mono-métalliste est infiniment plus simple : il coupe court à toutes les difficultés que nous venons de signaler. Pourquoi ne pas l’adopter ?

C’est justement la thèse que soutient presque toute l’école économique classique ; le mono-métallisme est pour elle, un peu comme le libre-échange, un article de foi.

Tel est le parti qu’ont adopté déjà nombre de pays, l’Angleterre la première (1816) ; puis le Portugal (1854), l’Allemagne (1873), les trois États Scandinaves (1875), la Finlande (1878), la Roumanie (1890), L’Autriche (1892), la Russie (1897), même le Japon et le Pérou (1897).

Toutefois les pays bi-métallistes — en Europe le groupe de l’Union Latine avec la France, l’Italie, la Belgique, la Suisse

  1. En 1893 le gouvernement anglais a porté un coup de plus à ce malheureux métal en lui fermant les Hôtels des Monnaies des Indes où jusqu’alors il avait pu encore être frappé librement.