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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/379

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qui reçoit de nombreuses exceptions, même dans la production des marchandises quelconques (Voy. p. 176), et qui, dans le cas particulier qui nous occupe, est particulièrement douteux. L’expérience ne semble pas démontrer que l’escompte soit à plus bas prix là où les banques sont plus multipliées le taux de l’escompte de la Banque de France ne dépasse que rarement 3 ou 3 1/2 %.

Il faut répondre de plus que l’argument est, à vrai dire, en dehors de la question. En effet la question du monopole et de la concurrence n’existe que pour l’émission des billets, mais elle ne se pose même pas à propos des opérations de banque en générât, et surtout de l’escompte. Personne ne conteste le droit pour toute banque de faire l’escompte non seulement la concurrence est de droit, mais elle existe de fait en France comme ailleurs[1]. Ce ne sont pas seulement des banques privées, mais des sociétés puissantes avec d’immenses capitaux-qui font librement concurrence à la Banque de France, tant pour l’escompte que pour toute autre opération. Et même la Banque de France ne fait qu’assez peu et de moins en moins l’escompte. Son véritable rôle est d’être, comme on l’a dit, « la Banque des banques » et dû leur servir de caissier. Celles-ci, toutes les fois qu’elles ont besoin d’argent ou simplement pour s’éviter la peine de faire encaisser leurs traites, lui font réescompter les effets qu’elles ont déjà escomptés et elles se trouvent débarrassées par là du souci de conserver une encaisse en monnaie. C’est ainsi que tout le crédit du pays repose indirectement sur l’encaisse de la Banque de France et cette redoutable responsabilité explique suffisamment la nécessité d’une encaisse énorme qui depuis plusieurs années dépasse 3 milliards.

C’est donc seulement à propos de l’émission des billets que

  1. La Banque de France n’escomptait (en 1891) que 39 % des lettres de change en circulation : et la proportion tend même à diminuer, car elle était de 41 % en 1881. Et le nombre de jours à courir jusqu’à l’échéance va sans cesse en se raccourcissant (25 jours en 1895), ce qui accroît la sécurité de la Banque mais ce qui prouve qu’elle est réduite de plus en plus au rôle d’encaisseur.