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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/443

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Il semble donc que le système collectiviste se flatte vainement de tenir le juste milieu entre le communisme et le régime individualiste et qu’il ne puisse échapper à la nécessité d’aboutir en fin de compte au premier de ces deux régimes, s’il ne veut être ramené au second. Au reste les collectivistes ne dissimulent guère leur pensée à cet égard : c’est bien au communisme comme terme définitif qu’ils tendent et le collectivisme ne serait qu’une étape préparatoire.


V

LE COOPÉRATISME.


Le mot de coopératisme est un néologisme que commencent à employer ceux qui voient dans la coopération non pas seulement un moyen de réaliser certaines améliorations, mais tout un programme de rénovation sociale. Ce programme n’est pas précisément socialiste dans le sens généralement attribué à ce mot puisqu’il maintient la propriété individuelle avec ses principaux attributs, et pourtant il l’est en ce sens qu’il offre un idéal tout fait différent de celui du régime individualiste et capitaliste, qu’il réalise plusieurs des desiderata les plus importants du socialisme, et en attendant, ce qui n’est pas à dédaigner, procure immédiatement une amélioration très réelle dans les conditions d’existence.

Dès le commencement de ce siècle, Owen en Angleterre et Fourier en France avaient pensé que l’on pourrait transformer complètement l’homme et le monde par le moyen de l’association libre et ils avaient imaginé à cet effet des mécanismes plus ou moins ingénieux que nous ne pouvons exposer ici. Mais la seule force des choses a fait surgir spontanément dans différents pays des formes très diverses d’association — en Angleterre des associations de consommation en France des associations de production, en Allemagne des associations de crédit — d’autres encore, qui, quoique dans des proportions plus modestes, ont déjà commencé à réaliser d’as-