Aller au contenu

Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/513

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

currence qui rabaisse la valeur de leurs produits au niveau du prix de revient.

Mais un jour vient où l’accroissement de la population exige un accroissement de production, et dès lors, les terrains de première catégorie se trouvant en totalité appropriés, il faut mettre en culture des terres moins fertiles, ce qui veut dire des terres sur lesquelles le coût de production sera plus élevé. En supposant que les terrains de première catégorie donnent 30 hectolitres de blé à l’hectare avec une dépense de 300 fr., ce qui fait revenir l’hectolitre à 10 fr., les terrains de deuxième catégorie ne produiront avec la même dépense que 20 hectolitres, ce qui fera revenir le coût de production de chaque hectolitre à 15 fr. Il est évident que les propriétaires de ces terrains ne pourront le céder au-dessous de ce prix, car, au-dessous, ils seraient en perte et n’en produiraient plus or, nous avons supposé justement qu’on ne pouvait se passer d’eux. Il n’est pas moins évident que les propriétaires des terres occupées en premier lieu ne s’amuseront pas à vendre leur blé à un prix inférieur à celui de leurs voisins[1] ; ils le vendront donc aussi à 15 fr., mais puisque ce blé ne leur revient qu’à 10 fr. comme autrefois, ils réaliseront dorénavant un bénéfice de 5fr. par hectolitre ou de 150 fr. par hectare, et c’est justement ce bénéfice qui porte, dans la théorie de Ricardo et dans le vocabulaire de l’économie politique où il a pris droit de cité, le nom de rente.

Plus tard l’accroissement de la population qui ne s’arrête pas, exigeant encore un supplément de subsistances, contraint les hommes à mettre en culture[2] des terrains de qua-

  1. Il est indispensable pour comprendre clairement cette théorie de relire le Chap. Le phénomène de la rente, p. 74.
  2. Mais pourquoi supposer toujours que les hommes seront obligés, pour accroître la production, d’étendre la culture à de nouvelles terres ? Ne peuvent-ils pas accroître la production en cultivant mieux les bonnes terres ? Ils le peuvent, en effet, mais, en vertu de la loi du rendement non proportionnel, tout accroissement de rendement au delà d’une certaine limite exigera un accroissement de dépenses plus que proportionnel et par conséquent entraînera une élévation dans les frais de production. Si, à ces terres qui donnaient 30 hectolitres à l’hectare pour 300 fr., on demande 60 hectolitres, on pourra peut-être les obtenir, mais il faudra dépenser