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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/599

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mais une fois ce capital constitué, si les déposants veulent le placer, c’est-à-dire le faire valoir, ils n’ont qu’à le reprendre ; le rôle de la caisse d’épargne est fini, et c’est d’autres institutions (celles déjà étudiées sous le nom d’institutions de crédit, banques, Crédit foncier, etc.) à s’en charger[1].

2° Les institutions connues sous le nom de sociétés coopératives de consommation — quoique par leur titre, elles semblent viser la consommation et non l’épargne — fonctionnent aussi comme instrument d’épargne en supprimant l’obstacle qui rend l’épargne si pénible et qui parait pourtant inhérente à toute épargne, à savoir l’abstinence, le fait de se priver.

  1. Les Caisses d’épargne n’étaient autrefois que des institutions ayant un caractère privé, mais dans beaucoup de pays aujourd’hui et en France (depuis 1875 seulement) il y a une Caisse d’épargne créée par l’État, celle des bureaux des Postes. Celle de Vienne (Autriche) est célèbre par la perfection de son mécanisme. Voy. p. 279, note 1.
    En France les Caisses d’épargne privées elles-mêmes sont obligées de verser les fonds qu’elles reçoivent à la Caisse des dépôts et consignations, autrement dit, entre les mains de l’État. Cette exigence de la loi, bien qu’ayant pour but de conférer toute sécurité aux déposants, a été vivement critiquée et avec raison.
    D’une part, en mettant entre les mains de l’État une somme qui dépasse aujourd’hui 4 milliards, elle lui crée une responsabilité d’autant plus dangereuse que cette dette doit être toujours remboursable à première demande. Il est vrai que pour atténuer ce danger, la clause dite de sauvegarde permet à l’État, en cas de crise, de ne rembourser les dépôts que par petits paiements de 50 fr. échelonnés par quinzaine.
    D’autre part, ces fonds, ainsi engloutis dans le gouffre du Trésor, ne servent absolument à rien, tandis qu’on pourrait aisément en tirer un meilleur parti. C’est ainsi qu’en Italie, où ces caisses sont remarquablement organisées, la plus grande partie de leurs fonds est affectée à des prêts fonciers ou agricoles. Comme l’intérêt payé par elles aux déposants est très bas, elles peuvent ne demander qu’un petit intérêt aux agriculteurs, et c’est là un avantage inappréciable pour l’agriculture (Voy. ci-dessus, p. 364). Et quant aux déposants, leur sécurité ne laisse guère à désirer. Une active campagne, surtout due à l’initiative de M. Rostand, a été menée en France pour obtenir les mêmes libertés pour nos Caisses d’épargne. Elle n’a réussi qu’incomplètement. Une loi de 1895 est entrée d’une façon très timide dans cette voie en permettant — non aux Caisses d’épargne elles-mêmes, mais à la Caisse des dépôts et consignations qui reçoit leurs fonds — de les placer non seulement en rentes sur l’État, mais en diverses valeurs, telles que des obligations foncières, communales, etc. La loi a accordé un peu plus de liberté encore en ce qui concerne le placement des fonds appartenant en propre aux Caisses d’épargne (car ces institutions peuvent avoir et ont en général des biens propres formés soit par des dons, soit par leurs bénéfices) elles pourront en placer un tiers en construction de logements ouvriers ou en prêts ayant cette destination.