Aller au contenu

Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duction qu’autant, qu’il est mis en terre ou donné en nourriture à des ouvriers ou à des animaux qui travailleront, et le charbon qu’autant qu’il est brûlé dans le fourneau de la machine — mais cette consommation reproductive ne doit pas être confondue avec la consommation proprement dite (Voy. ci-dessus, p. 562).

Le placement était autrefois très difficile, presque impossible, pour deux raisons :

1° Faute de moyens de placement. À une époque où le prêt à intérêt était prohibé, ou du moins ne pouvait se faire que d’une façon détournée, où les principaux emprunteurs, qui sont les grandes sociétés par actions et les États modernes, n’existaient pas encore, où même les maisons de location n’étaient guère en usage, chacun ayant la sienne on n’aurait su où placer son argent. Il n’y avait guère que : l’achat des terres ou la thésaurisation.

2° De plus une autre condition non moins essentielle faisait défaut, la sécurité, qui, en garantissant le prêteur contre les brigandages du dedans, les invasions du dehors, les confiscations des gouvernants eux-mêmes ou la mauvaise foi d’un débiteur puissant seule peut le déterminer à se défaire de ses économies et à les livrer à la consommation productive sur la foi certaine d’une restitution.

Aujourd’hui tout cela a changé complètement. D’une part, la sécurité politique dans tout pays civilisé est suffisante — bien que la sécurité morale, c’est-à-dire celle qui résulte de la fidélité à tenir ses engagements, n’ait pas fait peut-être de, grands progrès. D’autre part, notre époque offre à ceux qui veulent faire des placements mille ressources inconnues à nos pères. En 1815, on ne comptait que 5 valeurs cotées à la Bourse de Paris, en 1869 on en comptait déjà 402 ; on en compte aujourd’hui plus de 1.000, sans compter des centaines d’autres cotées dans les départements ou dans les Bourses de l’étranger. Toutes les entreprises industrielles ou financières sous la forme de sociétés par actions, les opérations agricoles ou foncières par l’intermédiaire des sociétés de Crédit foncier, enfin et surtout les emprunts continuels des États sous la forme d’émissions publiques, offrent de nos jours des faci-