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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/7

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bien aujourd’hui m’être reproché comme tant soit peu banal. La foi optimiste de l’ancienne économie politique libérale est de plus en plus abandonnée : les affirmations hautaines des docteurs du collectivisme n’ont pas gagné beaucoup de crédit et en tout cas elles se font de moins en moins péremptoires, mais on incline de plus en plus à demander la solution des questions sociales à la libre solidarité et non à la libre concurrence, à la pratique de l’association et non à la socialisation décrétée, à la multiplication de la propriété privée et non à son abolition, à l’État considéré non plus comme l’éternel antagoniste de l’individu mais comme la forme nécessaire de la coopération de tous pour chacun.... Voilà ce qui est aujourd’hui répété sous toutes les formes non seulement dans les livres nouveaux et les chaires nouvelles, mais dans les articles de journaux, les discours politiques, les programmes électoraux.

Il est toutefois certaines critiques auxquelles je n’ai pu donner satisfaction, parce que je n’aurais pu le faire sans dénaturer complètement le caractère de ce traité. Je sais que pour les économistes classiques, il est déplorablement vacillant sur les bons principes ; que pour les économistes de la nouvelle école abstraite, il est pauvre sur la théorie pure et confond d’une façon désastreuse la science et l’art, l’économique et la morale, et que pour les économistes de l’école historique, il est faiblement documenté et encore encroûté dans les vieilles classifications de J.-B. Say. Et je crois que tous ont raison — d’autant plus que le titre mal choisi de Principes que porte ce livre semble promettre en