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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/99

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Or, nous avons vu que la valeur de toute chose varie, et celle des métaux précieux également, quoique dans de moindres proportions que les autres. Il semble donc que la recherche d’une mesure des valeurs soit un problème insoluble et même contradictoire, la quadrature du cercle de l’économie politique telle est bien, en effet, la conclusion presque unanime des économistes[1].

Nous ne saurions toutefois nous y ranger. Il est vrai que nous devons renoncer à trouver une unité de mesure invariable, mais cette condition n’est pas indispensable.

Il n’existe en réalité nulle part un étalon rigoureusement invariable. Même le mètre de platine et d’iridium fondu à grand’peine et à grands frais au Conservatoire des Arts et Métiers pour servir d’étalon-type à tous les pays qui ont adopté le système métrique, même celui-là varie de longueur à chaque degré de température mais qu’importe ? on connaît le coefficient de dilatation et on fait les rectifications nécessaires. Le litre d’eau distillée qui nous sert d’unité de mesure pour la pesanteur, sous le nom de kilogramme, a en réalité un poids qui change suivant chaque degré de latitude ou chaque mètre d’altitude. Mais on connaît la loi de ces variations et on en tient compte.

De même aussi, il nous importerait peu que notre valeur type variât si nous pouvions reconnaître et déterminer ces variations : il ne resterait plus qu’à faire les corrections nécessaires.

Toute la question se réduit donc à savoir si nous pouvons reconnaître et déterminer ces variations.

Or, supposons une liste soigneusement dressée du prix de toutes les marchandises, à ce jour, sans en excepter aucune. Supposons que dix ans ou cent ans plus tard, on dresse une nouvelle liste des prix, et qu’en la comparant à l’ancienne, on

  1. Voy. notamment Cherbuliez, Science économique (Tome I, p. 239) ; Villey, Traité élémentaire d’Economie politique (p. 238) ; Charles Menger, dans un article sur « La monnaie mesure de la valeur » (Revue d’Economie politique, février 1892) ; Bourguin, « De la mesure de la valeur », même Revue, 1895.