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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/127

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SÉRÉNADE



Connais-tu la forêt de l’Ardenne, où Shakspeare
Au fond des noirs halliers fait, ainsi que des fleurs,
Éclore de très doux sonnets ensorceleurs
Afin que Rosalinde en passant les respire ?

Au ciel d’or, le soleil comme une rose expire.
La cascade sourit tendrement sous ses pleurs
Et, dans l’ombre peureuse aux fuyantes couleurs,
Pour bercer le silence un rossignol soupire.

C’est l’heure des baisers et des troublants aveux
Étouffés sous les flots moelleux des longs cheveux.
Viens ! dans l’obscur taillis les champignons phalliques,

Malades, blêmes, mous et si passionnés,
Répandent d’écœurants parfums cadavériques
Qui forcent Satan même à se boucher le nez.