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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/163

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FATUM



Aimerons-nous toujours ce qui nous fait souffrir,
Les cœurs capricieux, les candeurs éternelles
Et l’alcool meurtrier des amours criminelles ?
— Nous adorons les dieux parce qu’ils font mourir.

Ta beauté me torture et je ne puis te fuir,
Ange mystérieux des hontes fraternelles,
Sombre et terrible fleur des ténèbres charnelles,
Morne comme une plaie impossible à guérir.

J’attire les serpents dont je crains la morsure ;
Je rampe dans les puits où me guette la peur ;
J’aiguise les couteaux qui perceront mon cœur.

Ah ! j’ai reçu la vie ainsi qu’une blessure
Dont les lèvres jamais ne se doivent fermer
Et je hurle à la mort lorsque je veux aimer.