Aller au contenu

Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’élève vers le ciel le vin de mes souffrances,
Le sang divin de ma divine passion,
J’élève en frissonnant sur les foules immenses
Mon cœur qui se déchire en son oblation.

Peuple, prosterne-toi ! C’est l’heure où Dieu se crée.
Ferme les yeux de peur de voir l’Esprit de feu !
Ma bouche a prononcé la parole sacrée
Et voici que mon sang et ma chair se font Dieu.

Et tandis que le monde épouvanté devine
Un mystère effrayant qui glace tous les cœurs,
Seul je mange ma chair de victime divine
Et seul je bois le sang de mes vastes douleurs.