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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/254

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SATAN



Dans le caveau d’or sombre étoilé d’émeraude
L’idole sur l’autel dresse sa nudité.
D’énormes fleurs de feu, rouges de volupté,
Lèchent ses pieds lascifs de leur corolle chaude.

Sous la voûte, où l’encens comme un nuage rôde,
Luit l’œil fauve et mugit le mufle ensanglanté
De celui qu’en pleurant le monde épouvanté
Appelle Dieu du Meurtre et Seigneur de la Fraude.

Mais vainqueur des vertus, des dégoûts et des peurs,
Pour réduire à merci les cerveaux et les cœurs
Que l’éternel secret des luxures fascine,

L’archange noir, bandant tous ses muscles velus,
Cambre ses reins honteux, son ventre et sa poitrine
Hérissés d’un fouillis monstrueux de phallus.