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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/62

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Oui, par ce froid matin lustral,
S’envolent ces folles paroles,
Ouvrant leur pennage augurai
Vers d’orientales corolles :

Couroucous aux cous smaragdins,
Languides tourterelles roses,
Et, pour l’effroi des clairs jardins,
Noirs corbeaux qui mangent des roses.

Mais les tiennes, doux être aimé
Entre tous, tes douces paroles
S’élèvent dans l’air parfumé
Et tout palpitant d’auréoles,

— Tes paroles, anges soyeux,
Aux longues ailes de mystère,
Baisers profonds nés pour les cieux,
Où les lèvres font la lumière !

Adieu ! Par ce matin lustral,
Forçant la fenêtre livide,
Un souffle d’hiver augural
Enfle seul mon oreiller vide.