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Page:Gill - Vingt années de Paris, 1883.djvu/12

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sans nom, effacés par le temps qui monte ; et comme il faut qu’il ait la vie dure le souvenir qui tient debout sur ce cimetière d’épaves !

André Gill est pour moi un de ces souvenirs.

Je l’ai rencontré au bon moment, à l’heure fraîche des amitiés de jeunesse, quand la terre encore molle s’ouvre à toute semence, pour des moissons de tendresse et d’admiration. J’avais vingt-trois ans, lui guère davantage. J’étais campagnard à l’époque, campagnard de banlieue, hirsute, velu, chevelu, botté comme un tzigane, coiffé comme un tyrolien, logeant entre Clamart et Meudon, à la porte du bois. Nous vivions là qua-