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Page:Gill - Vingt années de Paris, 1883.djvu/181

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le juge ! On le juge. — Qu’on le condamne ! On le condamne.

Te voilà condamné, chauffeur ! Tu n’as plus tes quatre-vingt-dix francs, plus de famille ; tes petits sont bien abandonnés ; ton père en cheveux blancs, il peut crever, à cette heure, comme un vieux cheval de charrue. Et ta femme ; c’est maintenant qu’elle t’oublie, pendant les longs jours et les longues nuits qu’il te faut râler en prison… Qu’importe ? Réjouis-toi : ton prince est vivant, bien vivant, pour ta patrie et sa belle, et pour longtemps !

Il y a longtemps de cette histoire, chauffeur. Sans doute, estropié, misérable, désespéré, tu t’es couché dans la tombe depuis bien des années. Écoute, je le dis pour consoler ta cendre : il est plus gras que jamais, le prince ; il a perdu le goût des voyages ; il rêve une situation assise, un trône, par