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Page:Gille et Mortier - Le Docteur Ox.pdf/105

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OX.

Ils sont tout blancs.

YGÈNE.

Blancs j’ai des cheveux blancs ! Ah ! maître, j’ai tant vécu depuis hier ! J’ai senti mon cœur battre. Je disais autrefois : Ah ! les femmes, les femmes ! maintenant je dis : Oh ! les femmes, les femmes !

OX.

Tu avais trente ans hier… tu en as soixante aujourd’hui.

YGÈNE.

C’est à n’y rien comprendre ! et, chose curieuse… moi qui étais tout feu tout à l’heure dans la rue, moi qui trépidais et qui turbulais en bas… me voici calme comme vous l’êtes vous-même.

OX.

Mais tu as donc tout oublié ? Tu ne te rappelles donc pas que l’oxygène se maintient par son poids dans les couches inférieures. A l’étage au-dessous, par exemple, on a encore la fièvre ; mais à peine monté dans l’air pur où nous nous trouvons, au sommet de cette tour, on redevient ce qu’on était avant.

YGÈNE.

C’est vrai… je me souviens.

OX.

Ça va toujours bien en bas ?

YGÈNE.

Si ça va, monsieur ! mais ce n’est plus une ville ni un peuple ! c’est un volcan et une lave ! La foule hurlante ne quitte plus l’avenue van Tricasse.