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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/144

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Rédemption.


CONFESSION.


Réginald fut plusieurs jours sans pouvoir trouver le domicile de Claire Dumont ni rencontrer la jeune fille. M. Larivière cachait avec un soin jaloux la retraite de sa maîtresse, et celle-ci sortait peu, n’étant plus, il va sans dire, admise dans la prétendue bonne société et le soi-disant high life.

Le jeune homme, lui, était impatient de la retrouver et de commencer son œuvre de rédemption.

Une après-midi, découragé de son peu de succès, il allait au hasard dans les rues, à pas lents, tel un désœuvré, quand tournant l’angle de la rue Peel, il vit marchant à quelques verges devant lui dans la rue Sherbrooke, une élégante personne vêtue d’un costume tailleur violet et coiffée d’une toque en peluche de même couleur.

Réginald hâta le pas.

— Bonjour Claire, dit-il en enlevant son chapeau.

Comment vous portez-vous ?

— Ni bien, ni mal, répondit-elle en rougissant. Elle semblait fuir les yeux du jeune homme, et regardait les feuilles mordorées, balayées du trottoir et enlevées en spirales par le vent.

— Mais vous, hasarda la jeune fille, d’où venez-vous donc : il y a un siècle, ou plutôt cinq mois que l’on ne vous a vu ?

Sans répondre directement à sa question, Réginald dit en la forçant à le regarder cette fois, et avec un accent d’une gravité émue :

— Claire, je suis venu vous sauver.

Elle baissa la tête.

Il poursuivit :