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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/152

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Rédemption.


LE ROMAN DU GUEUX.


Réginald, après que Claire eut abandonné son appartement de la rue Victoria, avait loué, pour la jeune fille, rue Metcalfe, une chambre dans une maison occupée par une respectable famille anglaise. Il y avait de cela six mois. Néanmoins, il n’avait pas encore franchi le seuil de cette chambre malgré le désir que lui eût déjà témoigné la jeune fille de lui faire voir comment elle avait disposé le riche mobilier, les peintures, bustes, statuettes, bibelots qu’il lui avait donnés.

Pour se consacrer au bonheur de la jeune fille qui persévérait dans la vertu, il s’était complètement isolé.

Chevalier servant de Claire, il prévenait ses moindres désirs avec tout l’empressement d’un amoureux. Et cependant, il lui avait sans cesse témoigné le respect dû à une sœur. Tous les jours il passait quelques heures avec elle, soit à la maison, soit dehors.

Était-elle heureuse ? Oui et non.

Chaque soir, elle remerciait Dieu d’avoir mis sur son chemin cet homme de bien qui lui avait ouvert les portes d’une nouvelle vie. Cet homme, elle l’aimait toujours, mais en silence, se jugeant indigne de lever les yeux jusqu’à lui. Elle en souffrait beaucoup.

Le souvenir de sa vie passée avait fait dans son cœur une blessure qui ne voulait pas se cicatriser.

Dévorée par le remords et par l’amour sans espoir, elle se consumait peu à peu. Son état de santé, déjà précaire, inspirait maintenant de vives inquiétudes à Réginald.

Elle avait maigri, elle paraissait souffrante. Le nez était