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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/159

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Rédemption.

chesses, d’autres enfin qui ont acquis ces richesses par leur travail, leur énergie, leurs talents et leur bonne conduite.

Il existe des sociétés pour la protection des pauvres, des femmes, des enfants, voire même des animaux. Les sociétés de bienfaisance sont une bonne chose, mais il y en a trop. S’il y avait moins de soi-disant philanthropes et qu’ils fussent plus sincères, plus soucieux de faire réellement du bien que de donner leur nom à l’admiration des âmes crédules, il y aurait moins de misère.

Chaque soir, je me demande, si l’on ne me trouvera pas le lendemain dans quelque ruelle, mort de faim et de froid.

— Quel âge avez vous ? s’enquit Réginald.

— Vingt-cinq ans.

— Vingt-cinq ans ! on vous en donnerait quarante !

Tous trois s’étaient levés.

Lorsqu’il fut sur le trottoir, Réginald vida le contenu de sa bourse dans les mains du gueux.

— Voici mon adresse, ajouta-t-il, en lui remettant sa carte. Quand vous n’aurez plus d’argent, venez me voir.

Claire lui tendit sa main fine, gantée de chevreau.

— Dieu vous garde, dit-elle, avec émotion.

Le mendiant voulut remercier, mais il tourna brusquement les épaules. Il s’éloigna en toute hâte et porta les mains à ses yeux.