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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/162

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Rédemption.

Réginald se leva et se retira dans sa chambre à coucher en répétant avec une résolution calme et froide : j’épouse Claire.

Le lendemain dans l’après-midi, il se rendit chez la jeune fille. Il venait de s’asseoir dans le petit salon où elle recevait, quand elle parut avec un sourire de tristesse.

De toute sa mince personne se dégageait un air de réserve et de dignité qui eussent dû en imposer à un monde plus charitable et moins prévenu.

Réginald se leva avec respect et lui tendant affectueusement la main, lui dit :

— Bonjour Claire, comment est votre santé ?

— Pas trop bonne, monsieur Olivier, je vous assure. Le cœur me fait mal. J’ai horriblement souffert de la migraine toute la matinée. Le médecin que vous m’avez recommandé d’aller voir m’a dit que je suis atteinte d’hypertrophie du cœur.

Je n’en suis pas surprise, ajouta-t-elle avec mélancolie.

— Mais, ma pauvre amie, excusez-moi de vous avoir dérangée, si j’avais su… je me retire tout de suite.

— Non ! non ! se hâta-t-elle de dire, en posant sa main amaigrie sur le bras du jeune homme, qui s’était levé pour partir, restez, je vous en prie. Si vous saviez tout le bien que m’apporte votre présence ! Je n’ai que vous pour m’aider à supporter la vie. Excusez-moi si je parais dans ce négligé. Lorsque vous êtes entré, je reposais, et plutôt que de vous faire attendre…

— Vous êtes très bien comme cela, très bien. Mais il faut prendre soin de vous.

— Oui, et je crains bien que je n’en aie pas pour longtemps.

— Non ! non ! vous vous alarmez sans motif. Il est vrai que vous ne jouissez pas d’une santé, comment dirai-je,