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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/184

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Rédemption.

— Vous ne désirez plus rien ?

— Merci.

— Alors, passons dans mon cabinet, fit-il en se levant de table.

Et lorsqu’ils furent assis, le curé devant sa table de travail, Réginald dans le grand fauteuil de cretonne fleurie :

— Fumez-vous ? demanda l’abbé Doucet.

— Cela m’arrive, oui.

— Alors ne vous gênez pas ; je vous prie de m’excuser, je ne fume pas.

— Monsieur le curé, dit Réginald en bourrant sa pipe, je désirerais parler affaires avec vous.

— Comment cela, mon ami ?

— Je viens demeurer définitivement à Paspébiac.

— Vous dites ? — Je viens demeurer définitivement à Paspébiac. Ne pourriez-vous pas m’enseigner où trouver une maison et une vieille servante.

Le curé n’en croyait pas ses oreilles.

— Mais, mon cher ami, objecta-t-il, comment se fait-il qu’un jeune homme de votre condition, qui a un bel avenir devant lui, vienne ainsi de gaieté de cœur s’ensevelir à Paspébiac ?

— Ce n’est pas de gaieté de cœur, monsieur le curé. J’ai aimé Romaine Castilloux, votre filleule, je l’ai aimée plus que jamais homme n’a aimé une femme. Son souvenir me poursuit sans cesse. La vie des villes n’a plus aucun attrait pour moi. Le monde me fait horreur. Puisque je ne puis plus vivre avec Romaine, je veux passer le reste de mes jours là où elle a vécu.

— Vous êtes jeune, mon cher ami. À cet âge les impressions sont vives, d’autant plus qu’elles ne durent pas.

— Non, monsieur le curé. Encore une fois il n’y a pas que