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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/188

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Rédemption.

Quand au corps, oh lui ! il n’aura pas le temps de se rouiller, puisque je veux mener ici la vie du pêcheur.

— Vous !

— Oui, moi. Je ne suis peut-être pas aussi novice au métier que vous pourriez le penser. Pendant les quatre ou cinq mois que j’ai passés à Paspébiac, j’ai eu le temps et l’occasion de m’initier à la manœuvre. Même que j’en avais reçu les félicitations du grand-père de Romaine. Oh ! à propos, comment est l’oncle Jérôme ?

— Il se porte comme un charme. Il a justement besoin d’un compagnon de pêche, d’un parchenier, comme il dit.

— À la bonne heure ! je monte en grade. De pocheur, je deviens arrière-barge.

Maintenant que j’ai dit adieu à la vie des villes, cette nouvelle existence m’attire et me plait. J’aime cette vie mâle, pénible, périlleuse, dans laquelle l’homme durcit son corps, tandis que sous la voûte du ciel et sur la majesté tantôt calme, tantôt courroucée de la mer, il contemple la grandeur de Dieu.

— Monsieur Olivier, dit l’abbé Doucet, en le regardant avec admiration, vous êtes un homme.