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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/148

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d’un pas indécis, elle et sa charge péniblement. Le monsieur la vit venir à lui.

— C’est pitié, pensa-t-il, que de charger ainsi de ce fardeau cette chétive créature.

Et il se détourna pour lui laisser plus d’espace ; mais la petite blanchisseuse, vacillant dans sa marche, fatiguée de son fardeau, le changea de bras, et entraînée par sa pesanteur, s’en alla tomber, par un détour, sur le prudent promeneur, en frôlant avec son panier, de toute la force de sa faiblesse, les jambes du monsieur, qui poussa un cri de surprise et de fureur.

— Prenez donc garde, mademoiselle ! ne pouvez-vous m’éviter ? En vérité, vous me feriez croire que je suis un ciron imperceptible…

— Ce panier est trop lourd, dit la petite blanchisseuse, sans voir le monsieur.

Et elle continua son chemin.

— Je ne suis pas chanceux aujourd’hui, pensa l’homme invisible. L’un me heurte au milieu du corps ; l’autre me fend la tête ; celle-ci me prend aux jambes ; en vérité, j’ai du